[Confédération][3] Semper et Ubique
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 7
Publié le 05/10/13 à 14:47:07 par Gregor
Flinn grimaçait. Le custodes que lui avait envoyé l'aedificator Zaltan ne prenait pas de précaution pour l'examiner. Voilà trente minutes qu'il s'acharnait à défaire ce qui pouvait l'être de l'imposante armure, et il n'avait retiré que le plastron, les épaulières et les plaques dorsales. Le commandant se redécouvrait sous un aspect peu enviable. La fourrure était devenu translucide, ses muscles s'étaient passablement atrophiés, et les points d'insertions de l'armure avait transpercé sa peau en de multiples endroits, laissant de profondes cicatrices. Même s'il s'habituait peu à peu à ce spectacle qui advenait tous les six mois, Flinn détournait autant que possible son regard.
- Excusez moi, commandant, mais les jambières semblent avoir achevées de ...
- Alors n'insistez pas.
Une façon polie d'indiquer au Naneyë que son corps et l'armure fusionnait peu à peu, dans une symbiose complète entre la chair et la machine. Déjà, ses mains et ses pieds s'étaient retrouvés complètement enfermés voilà quelques années. A présent, tout ce qui se trouvait au delà de ses genoux et de ses coudes ne devait plus être que l'assemblage savant de l'armure et d'un labyrinthe construit par les nanites. Une architecture robotique qui l'incommodait, mais dont il ne pouvait plus se passer. Il songea au choc qu'avait dû éprouver le baronnet de Choire lorsqu'il s'était réveillé. Il ferma les yeux, chassa cette pensée de son esprit. Si Gregor Mac Mordan s'était tenu là, il lui aurait dit combien la voie de la mécanisation était sage, et que maintenir son corps organique, faible et gourmand en énergie et en soins divers, constituait un sévère manque de jugement. Flinn aurait alors rétorqué au Commandus Magnus qu'il avait encore la chance de choisir, et que les coutumes de son peuple étaient encore trop présente pour qu'il en fasse fi. Gregor conclurait alors en secouant la tête, et en ajoutant qu'il y aurait bien un jour où son subalterne finirait pas comprendre. Flinn sourirait, et le sujet resterait clos jusqu'à la prochaine fois.
On frappa à la porte. Flinn fit signe au cybernaute de s'arrêter. Nu, seulement vêtu par les attributs de l'armure qui avaient fusionnés avec son corps, il se figea.
- Qui-est-ce ?
- L'adjudant de Choire, commandant.
- Pouvez-vous patienter quelques minutes ?
- Bien sûr, commandant.
Le cybernaute, soudain conscient qu'il était de trop, remonta rapidement quelques élements de l'armure, de manière à rendre plus digne son porteur. Son intimité masqué, Flinn se rapprocha de la porte et ouvrit. Guillhem le dévisagea, et rougit.
- Pardonnez ma venue, commandant, je ne pensais pas que ...
- Vous n'y êtes pour rien, adjudant. Il faut aussi que j'entretienne mon matériel. Custodes ?
- Oui, commandant ? demanda l’intéresse.
- Veuillez nous laisser. Emporter ce que vous estimer nécessaire pour la maintenance. Je vous ferai demander dès que nous en aurons fini, et dès que vous serez disponible.
- Bien entendu.
Le technicien s'éclipsa sans mot dire. Flinn invita Guillhem à s'installer dans le salon de ses quartiers. Quelques fauteuils, une table, le tout vissés au plancher dans une pièce qui paraissait immense à coté des cabines des membres d'équipages. Flinn s'assit avec nonchalance, s'empara d'une des épaulières que le cybernaute avait laissé, le fit jouer dans ses doigts mécaniques.
- Que me vaut l'honneur de cette visite ?
Guillhem ne put s'empêcher de sourire.
- Auriez-vous la mémoire courte, commandant ?
- Pas à ma connaissance. Mais je suis très occupé, et j'ai l'habitude que les choses soient le plus claire possible. Alors, je vous en prie, faites au plus simple, adjudant.
- J'ai longuement réfléchi, commandant.
- Et vous en avez tiré quelle conclusion ?
- La seule qui vaille à mon sens, commandant. Je n'ai pas d'autres alternatives que de servir à vos côtés.
Une lueur de satisfaction s'alluma dans le regard de l'officier.
- Je n'en attendais pas moins d'un homme aussi fin que vous, adjudant.
- Soyons honnête, commandant : je le fais tout autant pour moi que pour vous.
- Je suis ravi que vous reconnaissiez l'importance que j'attache à ma carrière. Car, bien sûr, il va sans dire que vous sauver, vous le fils d'un général, ne peut que me servir. Mais c'est surtout votre don qui motive ma demande à votre égard.
- La télépathie ?
- Parfaitement.
Flinn se laissa aller en arrière, après avoir posé l'épaulière sur la table.
- Adjudant, vous rendez vous compte du potentiel d'un tel don ? Croyez-moi, si vous apprenez à le gérer convenablement, vous ne resterez pas longtemps militaire.
- Si vous sous-entendez que certaines institutions, comme la Sainte Cléricature, m'intéressent, vous avez parfaitement raison, commandant.
- C'était précisément ce que j'envisageais.
- Ne passerais-je pas pour un hérétique ?
- Pourquoi ne seriez-vous pas, au contraire, une chance formidable pour le service du Dieu-Machine ? Nous ne pouvons pas imaginer les pleines conséquences de l'usage de télépathie pour l'office de la Sainte Cléricature, adjudant, mais nous pouvons supposer qu'elles seront gigantesque. D'autant plus qu'un fidèle comme vous ne risque pas de dévier de la Sainte Docte.
- Vous me gênez, commandant...
- C'est pourtant la vérité, non ? Votre père vous aura donné la meilleure éducation qu'un enfant puisse espérer. Vous avez fréquenté l'Académie militaire, vous avez grandi avec de nobles principes, vous avez eu pour éducateurs de sages éminences de la Confédération. J'imagine mal un homme tel que vous bifurquer vers les courants fous et frivoles qui animent la rébellion.
- Bien sûr...
Un silence étrange s'installa. Flinn demeura pensif de longs instants. Guillhem n'osait pas bouger, et le dévisageait de la tête au pied. L'officier apparaissait nettement moins impressionnant sans son armure. Il se demanda pourquoi ses mains et ses pieds étaient encore couverts de leurs gantelets et de leurs bottes. Son hôte s'en aperçut, et sortit de sa réserve.
- Je vois que je vous intrigue, adjudant.
- Je vous ai dérangé en pleine séance de réparation ...
- Révision, corrigea Flinn. Et je vous le répète, cela ne m'a nullement gêné...
- Votre armure n'a rien de commun, commandant.
- Je le sais.
- Rien de commun avec celles des autres ... Externes, compléta Guillhem. On dirait que les alliages métalliques sont plus lourds.
- Et c'est le cas.
Guillhem hésita, comme gêné.
- Et pourquoi vos mains et vos pieds ne sont pas à l'air ? Par soucis de pudeur ?
La remarque fit rire Flinn. Il mit de longue secondes à retrouver son sérieux, et passa un doigt devant ses yeux humides de larmes.
- La pudeur est une notion qui n'existe pas chez mon peuple. Et si je ne me retrouve pas totalement nu face à vous, c'est surtout pour ne pas vous choquer. Je sais que les humains sont sensible au sujet de leur inimité et de leur sexualité.
- Sujet étrange que nous abordons là, nota Guillhem.
- Mais qui l'a lancé ?
Guillhem rougit. Flinn poursuivit.
- Pour répondre à votre question adjudant, je ne peux pas retirer mes bottes et et mes gantelets, pour la simple et bonne raison qu'il ne s'agit ni de bottes, ni de gantelets.
- Vous voulez dire que ...
- Techniquement, je n'ai subi aucune intervention en vue d'une mécanisation. Mais l'armure, à force de me protéger, a fini par intégrer mon propre corps à ses données. Mes pieds et mes mains sont aussi solides que des implants robotiques, mais ce n'en sont pas vraiment. Et de la même façon, je pourrais dire que je ressemble à un cyborg, sans en être vraiment un.
- C'est ... déroutant.
- C'est surtout une très bonne façon pour tenir un sujet de conversation intéressant.
La remarque arracha un sourire à Guillhem.
- Adjudant, je suis très heureux que vous me rejoignez dans cette mission. Ayez bien conscience que vous serez récompensé grassement.
- De l'or ?
- Oh, bien plus que ça. Pour commencer, je vais faire réviser votre grade militaire. Ensuite, je vous recommanderais auprès du Commandus Magnus, pour une procédure d'intégration à la Sainte Cléricature. Enfin, je m'arrangerai pour que vous soyez mon apprenti.
Guillhem en resta interdit.
- Quelque chose à ajouter, adjudant ?
- Commandant ... C'est trop d'honneur.
- Pourtant, vous le méritez. Laissez moi vous dire sans détour que la carrière qui se profile devant vous n'aura rien à envier à celle de votre père.
- Je ne suis pas sûr qu'il approuve de tels propos, commandant ...
- Est-il nécessaire qu'il les apprennent ? Et puis, en fin de compte, n'est-ce pas un grand honneur pour un père que de le voir épouser une carrière plus grande encore que la sienne ?
- Peut-être pour votre peuple, commandant. Mais pas toujours, ici, sur Terre.
- En ce cas, changeons de sujet, si celui-ci vous déplaît.
Guillhem ne pipa mot, mais son silence fut plus éloquent que la moindre parole. Flinn se leva de son fauteuil, et entama quelques aller et venues distraites dans le salon.
- Adjudant, nous n'aurons plus beaucoup de temps pour nous préparer sérieusement avant de retourner sur Barnard Prime. Aussi, ce que je vous demanderai risque de vous paraître contraire à toutes les dispositions protocolaires habituelles.
- Vous voulez parlez de mon intégration à vos cotés, commandant ?
- Tout à fait. Comme vous avez dû le remarquer, les seuls militaires à bord de l'Ankara sont des confrères Externes. Et parmi eux, aucun humain ne combat. Certes, les cybernautes et les hommes d'équipages du croiseur le sont, mais pas un seul n'a le statut d'Externe. Aussi, je me vois contraint de vous proposer, à titre honoraire, d'intégrer ce corps militaire.
- Vous voulez faire de moi un membre de la confrérie des Externes ?
- Un membre honoraire, rectifia Flinn. Ce n'est pas le statut le plus clair, mais c'est le seul qui vous permette de vous joindre à nous pour combattre.
- Et que dirons les Externes ?
- Absolument rien. Je vous garderai à mes cotés jusqu'à ce que nous ayons éradiqué la vermine hérétique.
- Vous en êtes sûrs, commandant ?
- Sûr et certain. D'autant plus qu'aucun de mes hommes ne s'amuserait à défier mes ordres. Et puis, vous restez un militaire confédéré, tout comme eux. Un frère d'arme aussi éloigné par sa fonction et ses origines, ne viendra pas chercher le conflit avec un autre frère d'arme. D'autant plus quand ce frère d'arme a un compte à régler avec l'ennemi commun.
- En parlant de cela, commandant ...
- Vous avez une idée de leur éventuelles positions ?
- Je pense avoir les coordonnées exactes.
- Voilà une excellente nouvelle alors ! Pourrez-vous me les communiquer le plus rapidement possible ?
- Bien sûr, commandant. Si j'arrive à m'en souvenir convenablement...
- Je ferrais le nécessaire pour que nous puissions repérer les rebelles. Mais comprenez bien, adjudant, que votre aide serait très précieuse...
Guillhem hocha la tête. Flinn se figea près d'un projecteur hollo fixé dans un mur. Il l'activa, et une série de cartes se dessinèrent dans le volume de la pièce.
- Qu'arrivera-t-il aux hérétiques, lorsque nous les retrouverons, commandant ?
- Le simple fait qu'ils aient torturés un membre de la noblesse confédéré les rend coupable d'un crime de haute-trahison. De ce fait, la seule peine qui convienne à leur crime est la peine capitale. Convertir de tels individus serait une perte de temps et de matériel.
- Un sort encore très doux, railla Guillhem.
- Le droit Mécaniste vous accorde - en temps que victime - le "luxe" d'imposer vous même la sentence, de la manière qui vous convient, adjudant. Si vous estimez que les torturez sera pour vous la réparation la plus acceptable du préjudice, alors nous agirons en temps que tel.
Un sourire sadique anima le visage hybride du jeune homme.
- Une maigre compensation. Mais je m'en accommoderai, commandant.
- Si vous n'avez pas d'autres questions, je vous invite à retourner vers vos quartiers. Un serviteur vous y guidera. Je vous ferrais venir lorsque j'aurais finalisé les détails de votre intégration. Quant à vous, adjudant, si vous avez l'occasion de retrouver ces fameuses coordonnées, cela constituerait un gain de temps non négligeable.
- J'en ai parfaitement conscience, commandant.
- En ce cas ...
Flinn invita Guillhem à se lever, et le raccompagna à la porte de ses quartiers. Le sous-officier s'immobilisa, effectua un impeccable salut militaire.
- Commandant Flinn, ce sera un honneur de servir à vos côtés.
Flinn hocha la tête.
- Adjudant de Choire, vous ne serez pas déçu du voyage.
- Excusez moi, commandant, mais les jambières semblent avoir achevées de ...
- Alors n'insistez pas.
Une façon polie d'indiquer au Naneyë que son corps et l'armure fusionnait peu à peu, dans une symbiose complète entre la chair et la machine. Déjà, ses mains et ses pieds s'étaient retrouvés complètement enfermés voilà quelques années. A présent, tout ce qui se trouvait au delà de ses genoux et de ses coudes ne devait plus être que l'assemblage savant de l'armure et d'un labyrinthe construit par les nanites. Une architecture robotique qui l'incommodait, mais dont il ne pouvait plus se passer. Il songea au choc qu'avait dû éprouver le baronnet de Choire lorsqu'il s'était réveillé. Il ferma les yeux, chassa cette pensée de son esprit. Si Gregor Mac Mordan s'était tenu là, il lui aurait dit combien la voie de la mécanisation était sage, et que maintenir son corps organique, faible et gourmand en énergie et en soins divers, constituait un sévère manque de jugement. Flinn aurait alors rétorqué au Commandus Magnus qu'il avait encore la chance de choisir, et que les coutumes de son peuple étaient encore trop présente pour qu'il en fasse fi. Gregor conclurait alors en secouant la tête, et en ajoutant qu'il y aurait bien un jour où son subalterne finirait pas comprendre. Flinn sourirait, et le sujet resterait clos jusqu'à la prochaine fois.
On frappa à la porte. Flinn fit signe au cybernaute de s'arrêter. Nu, seulement vêtu par les attributs de l'armure qui avaient fusionnés avec son corps, il se figea.
- Qui-est-ce ?
- L'adjudant de Choire, commandant.
- Pouvez-vous patienter quelques minutes ?
- Bien sûr, commandant.
Le cybernaute, soudain conscient qu'il était de trop, remonta rapidement quelques élements de l'armure, de manière à rendre plus digne son porteur. Son intimité masqué, Flinn se rapprocha de la porte et ouvrit. Guillhem le dévisagea, et rougit.
- Pardonnez ma venue, commandant, je ne pensais pas que ...
- Vous n'y êtes pour rien, adjudant. Il faut aussi que j'entretienne mon matériel. Custodes ?
- Oui, commandant ? demanda l’intéresse.
- Veuillez nous laisser. Emporter ce que vous estimer nécessaire pour la maintenance. Je vous ferai demander dès que nous en aurons fini, et dès que vous serez disponible.
- Bien entendu.
Le technicien s'éclipsa sans mot dire. Flinn invita Guillhem à s'installer dans le salon de ses quartiers. Quelques fauteuils, une table, le tout vissés au plancher dans une pièce qui paraissait immense à coté des cabines des membres d'équipages. Flinn s'assit avec nonchalance, s'empara d'une des épaulières que le cybernaute avait laissé, le fit jouer dans ses doigts mécaniques.
- Que me vaut l'honneur de cette visite ?
Guillhem ne put s'empêcher de sourire.
- Auriez-vous la mémoire courte, commandant ?
- Pas à ma connaissance. Mais je suis très occupé, et j'ai l'habitude que les choses soient le plus claire possible. Alors, je vous en prie, faites au plus simple, adjudant.
- J'ai longuement réfléchi, commandant.
- Et vous en avez tiré quelle conclusion ?
- La seule qui vaille à mon sens, commandant. Je n'ai pas d'autres alternatives que de servir à vos côtés.
Une lueur de satisfaction s'alluma dans le regard de l'officier.
- Je n'en attendais pas moins d'un homme aussi fin que vous, adjudant.
- Soyons honnête, commandant : je le fais tout autant pour moi que pour vous.
- Je suis ravi que vous reconnaissiez l'importance que j'attache à ma carrière. Car, bien sûr, il va sans dire que vous sauver, vous le fils d'un général, ne peut que me servir. Mais c'est surtout votre don qui motive ma demande à votre égard.
- La télépathie ?
- Parfaitement.
Flinn se laissa aller en arrière, après avoir posé l'épaulière sur la table.
- Adjudant, vous rendez vous compte du potentiel d'un tel don ? Croyez-moi, si vous apprenez à le gérer convenablement, vous ne resterez pas longtemps militaire.
- Si vous sous-entendez que certaines institutions, comme la Sainte Cléricature, m'intéressent, vous avez parfaitement raison, commandant.
- C'était précisément ce que j'envisageais.
- Ne passerais-je pas pour un hérétique ?
- Pourquoi ne seriez-vous pas, au contraire, une chance formidable pour le service du Dieu-Machine ? Nous ne pouvons pas imaginer les pleines conséquences de l'usage de télépathie pour l'office de la Sainte Cléricature, adjudant, mais nous pouvons supposer qu'elles seront gigantesque. D'autant plus qu'un fidèle comme vous ne risque pas de dévier de la Sainte Docte.
- Vous me gênez, commandant...
- C'est pourtant la vérité, non ? Votre père vous aura donné la meilleure éducation qu'un enfant puisse espérer. Vous avez fréquenté l'Académie militaire, vous avez grandi avec de nobles principes, vous avez eu pour éducateurs de sages éminences de la Confédération. J'imagine mal un homme tel que vous bifurquer vers les courants fous et frivoles qui animent la rébellion.
- Bien sûr...
Un silence étrange s'installa. Flinn demeura pensif de longs instants. Guillhem n'osait pas bouger, et le dévisageait de la tête au pied. L'officier apparaissait nettement moins impressionnant sans son armure. Il se demanda pourquoi ses mains et ses pieds étaient encore couverts de leurs gantelets et de leurs bottes. Son hôte s'en aperçut, et sortit de sa réserve.
- Je vois que je vous intrigue, adjudant.
- Je vous ai dérangé en pleine séance de réparation ...
- Révision, corrigea Flinn. Et je vous le répète, cela ne m'a nullement gêné...
- Votre armure n'a rien de commun, commandant.
- Je le sais.
- Rien de commun avec celles des autres ... Externes, compléta Guillhem. On dirait que les alliages métalliques sont plus lourds.
- Et c'est le cas.
Guillhem hésita, comme gêné.
- Et pourquoi vos mains et vos pieds ne sont pas à l'air ? Par soucis de pudeur ?
La remarque fit rire Flinn. Il mit de longue secondes à retrouver son sérieux, et passa un doigt devant ses yeux humides de larmes.
- La pudeur est une notion qui n'existe pas chez mon peuple. Et si je ne me retrouve pas totalement nu face à vous, c'est surtout pour ne pas vous choquer. Je sais que les humains sont sensible au sujet de leur inimité et de leur sexualité.
- Sujet étrange que nous abordons là, nota Guillhem.
- Mais qui l'a lancé ?
Guillhem rougit. Flinn poursuivit.
- Pour répondre à votre question adjudant, je ne peux pas retirer mes bottes et et mes gantelets, pour la simple et bonne raison qu'il ne s'agit ni de bottes, ni de gantelets.
- Vous voulez dire que ...
- Techniquement, je n'ai subi aucune intervention en vue d'une mécanisation. Mais l'armure, à force de me protéger, a fini par intégrer mon propre corps à ses données. Mes pieds et mes mains sont aussi solides que des implants robotiques, mais ce n'en sont pas vraiment. Et de la même façon, je pourrais dire que je ressemble à un cyborg, sans en être vraiment un.
- C'est ... déroutant.
- C'est surtout une très bonne façon pour tenir un sujet de conversation intéressant.
La remarque arracha un sourire à Guillhem.
- Adjudant, je suis très heureux que vous me rejoignez dans cette mission. Ayez bien conscience que vous serez récompensé grassement.
- De l'or ?
- Oh, bien plus que ça. Pour commencer, je vais faire réviser votre grade militaire. Ensuite, je vous recommanderais auprès du Commandus Magnus, pour une procédure d'intégration à la Sainte Cléricature. Enfin, je m'arrangerai pour que vous soyez mon apprenti.
Guillhem en resta interdit.
- Quelque chose à ajouter, adjudant ?
- Commandant ... C'est trop d'honneur.
- Pourtant, vous le méritez. Laissez moi vous dire sans détour que la carrière qui se profile devant vous n'aura rien à envier à celle de votre père.
- Je ne suis pas sûr qu'il approuve de tels propos, commandant ...
- Est-il nécessaire qu'il les apprennent ? Et puis, en fin de compte, n'est-ce pas un grand honneur pour un père que de le voir épouser une carrière plus grande encore que la sienne ?
- Peut-être pour votre peuple, commandant. Mais pas toujours, ici, sur Terre.
- En ce cas, changeons de sujet, si celui-ci vous déplaît.
Guillhem ne pipa mot, mais son silence fut plus éloquent que la moindre parole. Flinn se leva de son fauteuil, et entama quelques aller et venues distraites dans le salon.
- Adjudant, nous n'aurons plus beaucoup de temps pour nous préparer sérieusement avant de retourner sur Barnard Prime. Aussi, ce que je vous demanderai risque de vous paraître contraire à toutes les dispositions protocolaires habituelles.
- Vous voulez parlez de mon intégration à vos cotés, commandant ?
- Tout à fait. Comme vous avez dû le remarquer, les seuls militaires à bord de l'Ankara sont des confrères Externes. Et parmi eux, aucun humain ne combat. Certes, les cybernautes et les hommes d'équipages du croiseur le sont, mais pas un seul n'a le statut d'Externe. Aussi, je me vois contraint de vous proposer, à titre honoraire, d'intégrer ce corps militaire.
- Vous voulez faire de moi un membre de la confrérie des Externes ?
- Un membre honoraire, rectifia Flinn. Ce n'est pas le statut le plus clair, mais c'est le seul qui vous permette de vous joindre à nous pour combattre.
- Et que dirons les Externes ?
- Absolument rien. Je vous garderai à mes cotés jusqu'à ce que nous ayons éradiqué la vermine hérétique.
- Vous en êtes sûrs, commandant ?
- Sûr et certain. D'autant plus qu'aucun de mes hommes ne s'amuserait à défier mes ordres. Et puis, vous restez un militaire confédéré, tout comme eux. Un frère d'arme aussi éloigné par sa fonction et ses origines, ne viendra pas chercher le conflit avec un autre frère d'arme. D'autant plus quand ce frère d'arme a un compte à régler avec l'ennemi commun.
- En parlant de cela, commandant ...
- Vous avez une idée de leur éventuelles positions ?
- Je pense avoir les coordonnées exactes.
- Voilà une excellente nouvelle alors ! Pourrez-vous me les communiquer le plus rapidement possible ?
- Bien sûr, commandant. Si j'arrive à m'en souvenir convenablement...
- Je ferrais le nécessaire pour que nous puissions repérer les rebelles. Mais comprenez bien, adjudant, que votre aide serait très précieuse...
Guillhem hocha la tête. Flinn se figea près d'un projecteur hollo fixé dans un mur. Il l'activa, et une série de cartes se dessinèrent dans le volume de la pièce.
- Qu'arrivera-t-il aux hérétiques, lorsque nous les retrouverons, commandant ?
- Le simple fait qu'ils aient torturés un membre de la noblesse confédéré les rend coupable d'un crime de haute-trahison. De ce fait, la seule peine qui convienne à leur crime est la peine capitale. Convertir de tels individus serait une perte de temps et de matériel.
- Un sort encore très doux, railla Guillhem.
- Le droit Mécaniste vous accorde - en temps que victime - le "luxe" d'imposer vous même la sentence, de la manière qui vous convient, adjudant. Si vous estimez que les torturez sera pour vous la réparation la plus acceptable du préjudice, alors nous agirons en temps que tel.
Un sourire sadique anima le visage hybride du jeune homme.
- Une maigre compensation. Mais je m'en accommoderai, commandant.
- Si vous n'avez pas d'autres questions, je vous invite à retourner vers vos quartiers. Un serviteur vous y guidera. Je vous ferrais venir lorsque j'aurais finalisé les détails de votre intégration. Quant à vous, adjudant, si vous avez l'occasion de retrouver ces fameuses coordonnées, cela constituerait un gain de temps non négligeable.
- J'en ai parfaitement conscience, commandant.
- En ce cas ...
Flinn invita Guillhem à se lever, et le raccompagna à la porte de ses quartiers. Le sous-officier s'immobilisa, effectua un impeccable salut militaire.
- Commandant Flinn, ce sera un honneur de servir à vos côtés.
Flinn hocha la tête.
- Adjudant de Choire, vous ne serez pas déçu du voyage.
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